Bla-bla de fond sur un blo-blog sérieux à propos des petits producteurs heureux mais lucides
Une amie m'envoie le lien de ce blog d'un jeune journaliste hébergé par lemonde.fr où un article assorti de quelques sons pourra vous paraître intéressant. Il s'agit du témoignage d'une "petite productrice" qui explique les raisons et les motivations de ses choix. http://monde-rural.blog.lemonde.fr/2010/08/28/il-y-a-encore-de-la-place-pour-la-vente-directe-et-le-bio/ Pour faire avancer le débat à saut de puce microscopique, je me suis permis d'exprimer un point de vue publié en bas de la page indiquée et que je reproduis ici. Cela donne alors :
"Moi-même producteur (www.latisanebio.com), j’ai beaucoup aimé le
témoignage d’Hélène Perrin qui représente le monde des gagne-petits du
monde agricole, disons plus respectueusement des gagne-modestes, de ceux
qui ont l’ambition de produire sain pour un marché local en
réhabilitant le prix du bien manger. Car on l’oublie souvent mais le
citoyen n’aime pas augmenter la part de son revenu (lui-même en déclin
relatif) qu’il consacre à son alimentation. Ce faisant, il ne mesure
plus non plus les coûts induits.
Prenons l’exemple d’un rôti de porc acheté au supermarché à 3,50 € le
kilo. C’est séduisant, attractif, on se dit toujours qu’on est gagnant
sur l’achat. Et pourtant, sait-on que : issu d’un élevage intensif de
Bretagne (région que j’adore soit dit en passant), ce cochon bourré aux
antibiotiques n’a pas eu l’heur de vivre une vraie vie, les gourmets le
ressentent facilement dans le médiocre parfum qui se dégage de sa chair
sortie du four et, surtout, l’excès de jus aux allures d’eau qui stagne
au fond du plat.
Deuxième effet induit : l’éleveur, de son côté, voit sa vie défiler en
accéléré, il a de plus en plus de mal à honorer les charges et autres
emprunts de son métier.
Troisième effet induit : la pollution générée par les rejets de lisier
mal compostés ou diffusés directement dans des sols agricoles dégénérés
et l’atmosphère entraîne la défiguration par les algues de
l’extraordinaire littoral breton, sans parler des odeurs.
Quatrième conséquence, plus perverse encore : on voit défiler des
politiques qui ont tout compris, inaugurant à tour de bras des centres
de compostages d’algues vertes avec garantie d’enlèvement sur les côtes
dans les 48 heures. Sans jamais ou presque se poser la question de la
réduction des pollutions à la source.
Conclusion : le fameux rôti de porc pas cher que je me suis payé, je
l’ai en fait payé deux à trois fois plus cher. Par le financement des
subventions européennes à l’installation et aux diverses extensions de
l’élevage, par le coût de traitement des pollutions aux algues, par le
prix exorbitant du traitement de l’eau de consommation humaine en
Bretagne qui est la plus suspecte de France, etc… Enfin je n’évoquerai
que rapidement les autres coûts : transport par poids lourds vorace en
ressources pétrolières, réseaux routiers saturés, marges discutables des
distributeurs, anonymat total de la relation producteurs-consommateurs,
suspicion généralisée des pratiques agricoles dans l’opinion publique…
Comme l’a écrit un auteur dans son livre, “Manger bio c’est pas du
luxe”. Manger local et extensif non plus, à condition de payer le vrai
prix de l’alimentation (je vous raconterai l’expérience locale d’un
éleveur pas spécialement bio de 50 porcs qui courent dans les
Basses-Cévennes sous 4 hectares de châtaigniers avec un prix fini au
kilo de 10 € pour une saucisse susceptible de changer en deux temps
trois mouvements le régime d’un végétarien!). Sans quoi, de tout ce
débat passionnant, on ne sortira pas.
Payer plus cher des produits de qualité ? C’est évidemment possible.
Après tout, pour faire plaisir au petit dernier, demande-t-on à la
firme Nintendo de baisser le prix de vente de sa DS et son misérable
prix de revient ?
Paysannes salutations !"