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Le blog de Bonnaude
30 août 2010

Bla-bla de fond sur un blo-blog sérieux à propos des petits producteurs heureux mais lucides

Une amie m'envoie le lien de ce blog d'un jeune journaliste hébergé par lemonde.fr où un article assorti de quelques sons pourra vous paraître intéressant. Il s'agit du témoignage d'une "petite productrice" qui explique les raisons et les motivations de ses choix. http://monde-rural.blog.lemonde.fr/2010/08/28/il-y-a-encore-de-la-place-pour-la-vente-directe-et-le-bio/ Pour faire avancer le débat à saut de puce microscopique, je me suis permis d'exprimer un point de vue publié en bas de la page indiquée et que je reproduis ici. Cela donne alors :

"Moi-même producteur (www.latisanebio.com), j’ai beaucoup aimé le témoignage d’Hélène Perrin qui représente le monde des gagne-petits du monde agricole, disons plus respectueusement des gagne-modestes, de ceux qui ont l’ambition de produire sain pour un marché local en réhabilitant le prix du bien manger. Car on l’oublie souvent mais le citoyen n’aime pas augmenter la part de son revenu (lui-même en déclin relatif) qu’il consacre à son alimentation. Ce faisant, il ne mesure plus non plus les coûts induits.
Prenons l’exemple d’un rôti de porc acheté au supermarché à 3,50 € le kilo. C’est séduisant, attractif, on se dit toujours qu’on est gagnant sur l’achat. Et pourtant, sait-on que : issu d’un élevage intensif de Bretagne (région que j’adore soit dit en passant), ce cochon bourré aux antibiotiques n’a pas eu l’heur de vivre une vraie vie, les gourmets le ressentent facilement dans le médiocre parfum qui se dégage de sa chair sortie du four et, surtout, l’excès de jus aux allures d’eau qui stagne au fond du plat.
Deuxième effet induit : l’éleveur, de son côté, voit sa vie défiler en accéléré, il a de plus en plus de mal à honorer les charges et autres emprunts de son métier.
Troisième effet induit : la pollution générée par les rejets de lisier mal compostés ou diffusés directement dans des sols agricoles dégénérés et l’atmosphère entraîne la défiguration par les algues de l’extraordinaire littoral breton, sans parler des odeurs.
Quatrième conséquence, plus perverse encore : on voit défiler des politiques qui ont tout compris, inaugurant à tour de bras des centres de compostages d’algues vertes avec garantie d’enlèvement sur les côtes dans les 48 heures. Sans jamais ou presque se poser la question de la réduction des pollutions à la source.

Conclusion : le fameux rôti de porc pas cher que je me suis payé, je l’ai en fait payé deux à trois fois plus cher. Par le financement des subventions européennes à l’installation et aux diverses extensions de l’élevage, par le coût de traitement des pollutions aux algues, par le prix exorbitant du traitement de l’eau de consommation humaine en Bretagne qui est la plus suspecte de France, etc… Enfin je n’évoquerai que rapidement les autres coûts : transport par poids lourds vorace en ressources pétrolières, réseaux routiers saturés, marges discutables des distributeurs, anonymat total de la relation producteurs-consommateurs, suspicion généralisée des pratiques agricoles dans l’opinion publique…
Comme l’a écrit un auteur dans son livre, “Manger bio c’est pas du luxe”. Manger local et extensif non plus, à condition  de payer le vrai prix de l’alimentation (je vous raconterai l’expérience locale d’un éleveur pas spécialement bio de 50 porcs qui courent dans les Basses-Cévennes sous 4 hectares de châtaigniers avec un prix fini au kilo de 10 € pour une saucisse susceptible de changer en deux temps trois mouvements le régime d’un végétarien!). Sans quoi, de tout ce débat passionnant, on ne sortira pas.
Payer plus cher des produits de qualité ? C’est évidemment possible. Après tout,  pour faire plaisir au petit dernier, demande-t-on à la firme Nintendo de baisser le prix de vente de sa DS et son misérable prix de revient ?
Paysannes salutations !"

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Commentaires
M
excellente cette note qui met bien le doigt là où ça blesse. Depuis toujours et pour toutes les causes les politiques, vu leurs courts passages, préfèrent platrer des solutions rapides et instables plutôt que de s'attaquer aux fondations. Preuve qu'ils n'ont aucune vision de la continuité historique mais plus grave qu'ils se foutent pas mal du sort de leurs concitoyens.
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