Comment passer en bio ?

C'est une bonne question, non ? Car quitte à produire des choses à grignoter, autant qu'elles s'inscrivent dans une harmonie totale avec l'environnement. Sinon à quoi bon donner aux gens l'illusion d'un produit de terroir bombardé de chimie et entretenu à la va-vite, ah c'est sûr avec des facilités de travail et de culture ?
En tout cas, dès le début de notre aventure, on savait bien que, entre l'approche bio et la conventionnelle, il est quelques différences notables qu'il faut relever. Synthèse et chimie forment le socle de l'opposition à naturel et organique.

Parlons d'abord de certification. Nous, on s'est vite posé la question : comment bénéficier du label AB ? Eh bien c'est presque simple, il faut s'inscrire auprès d'un organisme certificateur. Il en existe plusieurs, cinq je crois, tous surfant sur un mouvement qui prend de l'ampleur ces dernières années. On citera SGS-ICS, société de services et de certification tous azimuts, Qualité France (groupe Veritas qui détient depuis peu une autre société de certification, Ulase), Aclave,   Agrocert (pas de site, juste ce mail: agrocert@agrocert) et Ecocert. Ce dernier occupe une position de leader en France, c'est aussi l'un des rares dont le cœur de cible est exclusivement l'agriculture biologique. A vous de savoir s'il est bon ou non de se fier à ces sociétés agréées par les pouvoirs publics. La logique dérivante de la bio industrielle n'est pas un élément à négliger dans sa réflexion quand on s'installe, l'exemple de la possibilité d'intégrer jusqu'à 0,9% d'OGM dans la composition des produits bio étant très significatif.
Mais bon, ces organismes sont qualifiables de sérieux. Pas question de déroger à la règle d'un contrôle systématique du terrain, deux par an dont un inopiné, des cahiers de culture, des produits de traitement engagés dans l'exploitation, etc. Du reste, les cahiers des charges qui régissent l'agriculture biologique sont largement inspirés de ceux qu'avaient mis en place, à une autre époque, quelques poignées de babas-cool néo-paysans et militants qui avaient compris l'intérêt d'atteindre le plus rapidement possible à une production respectant au moins l'environnement dans lequel elle s'inscrit...
A Bonnaude, on a demandé une certification par Ecocert. Mais il n'est pas sûr qu'on reste indéfiniment sous cette enseigne qui présente, faut-il le rappeler, l'avantage d'afficher le très connu label AB. Pourtant à terme, nous pensons nous orienter vers l'association Nature et Progrès. Car voilà bien des gens qui ont une idée nette et haute des métiers de la bio. N'ont-ils pas osé, quitte à se marginaliser sur la scène médiatique en 1996, lancer une campagne de boycott des produits AB ? Il fallait y voir une provocation, une manière de prendre position très clairement sur la dérive de la bio des bobos : comment expliquer que l'on trouve au coeur de l'hiver des pommes ou des fraises biologiques sur les étals alors qu'on sait pertinemment qu'elles ont mobilisé des tonnes de pétrole pour leur acheminement du Chili ou du Maroc et qu'elles sont largement étrangères au calendrier naturel des cultures, c'est-à-dire à la saisonnalité des produits. Saisonnalité dont le moindre môme à la cantine est devenu incapable de donner une définition, même relative... et haro sur ses parents qui ne sont pas toujours bien informés non plus ! Bref, chez Nature et Progrès, dont le cahier des charges est plus contraignant qu'ailleurs (la possibilité de cultiver du bio et du non-bio côte à côte est formellement interdite), l'agriculture biologique est comment dire... plus bio ! Seul problème, allez savoir pourquoi, l'adhésion à N&P n'ouvre pas droit au label AB. Il nous a donc paru intelligible, dans ces conditions, de nous faire connaître les premières années sous le logo aux oreilles de lapin, avant de gentiment intégrer la bio des vrais. Pas simple, hein ?

Comments

[stéphanie]

Bonjour,
bravo pour votre engagement dans le bio.
Nous avons créé notre petite entreprise (http://biotissus.com) pour proposer un large choix de tissus certifiés bio (certification GOTS : Global Organic Textile Standard)et nous intervenons dans différentes associations pour développer le bio et le solidaire dans notre région (Bretagne)
Bonne continuation.
Ecologiquement
Stéphanie de BioTissus