Vive les petits fruits rouges

Venons-en à notre principal ouvrage à Bonnaude : la plantation de petits fruits rouges, évidemment biologiques. Ma compagne et moi, on s'est dit, sur les conseils avisés de l'ancien propriétaire qui vécut là plus de cinquante ans dans une quasi-autarcie, qu'on pouvait planter ce qui fait le régal des papilles, petites ou grandes : les petits fruits.

Les framboisiers

A Bonnaude il y eut beaucoup de framboisiers, à une autre époque. Trente ans plus tard, nous décidons de les remettre au goût du jour. Pour cela, nous commandons à la pépinière gardoise bio de Génolhac, Lafeuillade, très compétente et, pourvu qu'ils ne nous lisent pas, pas trop chère, quelque 400 pieds bio représentant six variétés : Augustered, Heritage, Capitou, Frida, Malling promise, Zeva (photo). Pour moitié des remontants (production étalée de juin aux gelées) et des non remontants (productifs mais en une seule fois, l'été).

Nous décidons d'implanter ces ribes en bas de nos terrasses, près du Cassoubiès, un petit ruisseau qui se tarit l'été. Mais avant, il faut défricher la terre, prise d'assaut depuis des lustres par des simples tous plus intéressants les uns que les autres : aigremoine, mélilot, aristoloche, origan, lierre, hellébore fétide, bordure de frênes en forte progression, renoncules... Bref une véritable pharmacie du bon dieu, tapis de médicinales qu'on décide de détricoter pour les besoins de la production : et voilà le premier signe du matraquage de la biodiversité par l'homme. Mais ne déprimons pas. Des plantes, il en reste quelques légions on en reparlera très rapidement ici.

Avant cela, on peut suivre en photos l'évolution de la plantation. Globalement, on peut dire que tout se passe bien, à ceci près qu'une maladie semble toucher une variété remontante, la Zeva, réputée sensible mais fallait-il le savoir. C'est d'autant plus inattendu et regrettable qu'avec sa canne rustique à l'écorce rugueuse, on aurait pu la croire plutôt résistante. Quoiqu'il en soit et ne sachant de quoi il retourne (je redoute un temps le phytophtora mais rien ne m'en assure la preuve), je décide d'arracher les quelques pieds atteints. Ils ne le sont d'ailleurs pas tous, des pieds frères installés plus loin dans la voisinage sont en pleine forme. Mais il faut rester vigilant car c'est brutalement que l'accès de maladie se produit, parfois dans la journée même...

Les fraisiers

L'autre fruit rouge qui nous plaît bien, comme au lecteur gourmet que vous nous semblez être, c'est la fraise. Après de rapides recherches (les producteurs de plants bio sont encore très peu nombreux sur le territoire national), on a trouvé un fournisseur de plants frigo (des racines nues mises en banque froide l'hiver et qu'on repique dès le mois de mars dans le Midi pour une production qui ne démarre vraiment que l'année suivante). Il s'agit de la pépinière Lebrun, dans le Maine-et-Loire, là encore quelqu'un de très bon conseil et réputé pour sa production de plants bio très sains (le fraisier est une espèce sensible aux maladies si j'en crois le témoignage de mes producteurs voisins, lesquels ont eu maille à partir avec un champignon tenace). Ni une ni deux, on se paie un millier de fraisiers à repiquer. Quatre variétés sont choisies : la mara des bois, reine des marchés sur une longue saison, la manille, création française récente, la gentonova et la ciflorette. Jamais goûté, ces trois dernières mais sûr qu'on vous dira ce qu'on en pense.

Ci-dessous, on peut remarquer comment sont livrés les plants frigo, par bottes de 25, qu'on repique un à un... La culture retenue s'effectue sur des buttes avec une distance entre deux plants sur le rang de 33 cm -la même que celle qui sépare deux goutteurs sur le tuyau- et entre deux rangs d'une quarantaine de centimètres. Le paillage plastique nous avait été régulièrement conseillé. On a choisi de faire sans, malgré l'éreintant travail de désherbage manuel qui, de fait, nous attend. On ne sait pas trop pourquoi on a opéré ce choix, d'ailleurs, sauf à penser que le plastique noir, c'est pas très joli sur des belles terrasses. Et puis on se dit qu'on doit vachement transpirer, sous un vêtement plastique, non ?

Une fois le goutte-à-goutte mis en place, il n'y a plus qu'à attendre les chaudes journées de printemps. Et entre-temps, sur les conseils du revendeur, effleurer périodiquement les premiers boutons floraux. Pourquoi? Pour renforcer la production et la résistance aux maladies, nous dit-on. On est porté à le croire, même si l'acte d'enlever de futurs fruits nous emplit d'une légère tristesse.

Relative, toutefois. L'essentiel reste l'objectif d'une production saine, gourmande et écologiquement acceptable. Pour cela, un travail du sol à la grelinette, l'apport d'un fumier bien décomposé d'une chèvrerie locale et un coup de fouet à base de guano (Orga 3) devraient suffire. On ajoutera par la suite, si le temps d'aller les cueillir le permet, un mulch d'orties et de paille séchée.

Cassissiers et groseilliers

Pour finir, il fallait qu'on vous parle de quelques dernières baies. Car un jardin de fruits rouges ne serait pas complet sans quelque 80 plants de cassis et de groseilles, à maquereau, à grappes, blanches, rouges, roses... Les Andega, Junifer, Red lake, Freedoria et autres Black down ont pris place... mais ne produiront vraiment que dans deux ans.

Et dire qu'on aurait aimé devenir riches un peu plus tôt.

Comments

[cueillefruitsrou]

Bonjour,

Je viens de créer des outils écologiques pour la cueillette des fruits rouges,

vous pouvez visiter mon site: www.cueillefruitsrouges.com

Amitiés

Dominique Bouvresse

[mimi]

enfin de tes nouvelles, tu étais parti dans les
oubliettes... des fraises et autres délices. En tout
cas bravo pour ton site, clair, lumineux et qui
donne envie de se mettre au bio.Reconversion
réussie, on y croyait guere chez les felés du
stylo...
bonne chance donc a toi et toute ta petite famille. Mimi ex travailleuse

[sylvie]

Je souscris complètement aux propos de Ronchonou!
D'autant plus que j'ai pu voir l'état des lieux au début de votre installation à tous les cinq! Quel boulot!!!
François et moi attendons avec impatience vos délicieux petits fruits rouges ... en vente sur le marché de Sommières!

Et Julien, félicitations encore pour la clarté de ton blog.

[Ronchonou]

Enfin un journaliste,un vrai qui sait raconter sa campagne avec des mots justes et des explications claires....et futur correspondant local de Bonnaude! Bravo.....je ne respecte que les polyvalents, et là franchement du stylo à la fourche, il fallait le faire. Tout ces bons produits je les vois très bien dans un menu terroir ....quelle belle table d'hôte sur la terrasse avec cette belle nature.....C'est un peu loin Villeneuve mais dans ton djebel il doit y avoir des marchés paysans. A plus...je vais relire ton blog