Un millier de fraisiers multipliés à domicile

Hier et avant-hier, avec papi, on a travaillé dur. Dur mais bien et heureux, dans notre vallon doré... L'idée de départ consistait à nous affranchir des fournisseurs de plants de fraisiers. Producteurs qu'on aime bien et qu'on encourage certes, mais qui ne nous empêchent pas de veiller à réduire les coûts. Et puis pourquoi ne parviendrions-nous pas à multiplier nos fraisiers à nous ? Il faut juste bâtir à main d'hommes des buttes sur lignes à l'aide de nos vieux et fidèles outils. Pourquoi faudrait-il systématiquement acheter des plants frigo, à racines nues, venues de contrées lointaines (ouest de la France pour ce qui concerne notre pépinière) ? On se dit qu'il suffirait de bichonner les fraisiers déjà installés et de les multiplier en douceur. Ce que nous entreprimes cette semaine, donc, en nous disant que qui ne tente rien n'a rien. On reparlera plus tard, dans l'été, des éventuelles maladies qui se seront peut-être développées sur ces cultures réputées fragiles mais pour l'instant, division de touffes et repiquage animent nos préoccupations.

Les fraises, tout le monde en mange, en général dès le mois de février pour les impatients... qui sont évidemment très déçus par la médiocrité du fruit qui, avant de donner le meilleur de lui-même, doit avoir reçu son plein de soleil. Chez nous, pas de fraises avant le 1er juin. Cultivées en plein champ, elles sont un peu moins précoces que celles qui poussent dans des serres, procédé que nous refusons pour ne pas enlaidir le paysage. Nos variétés sont issues d'une pépinière située dans le Maine-et-Loire, spécialisée depuis des lustres dans la fraise bio de qualité.

Nous avons choisi des variétés remontantes : mara des bois et gento nova. Ma première est la star des étals, dont le plant produit régulièrement de juin aux gelées en diffusant un arôme des bois caractéristique. Sa réputation est pourtant un peu exagérée. C'est surtout parce que ses conditions de culture faciles soulagent le jardinier qu'on en a fait un produit marketing. Ma deuxième, la gento nova ou nova gento selon les sources, est incomparablement plus raffinée. Mais son problème principal réside dans son caractère éphémère. A peine cueillie elle doit être mangée, sous peine de se réduire en bouillie dans les quatre heures ! Impossible de la retrouver dans des magasins, donc, c'est pourtant de loin la meilleure variété qu'on ait eu le droit de goûter.

Pour les variétés non remontantes (qui produisent en quantité mais en une seule fois, pendant environ un mois), notre choix s'est porté sur la garriguette, la ciflorette et la manille. Trois fraises charnues et jolies, acidulées mais pas trop, souvent juteuses et sucrées.