Le minutieux tri du romarin mal payé

Voilà un travail de début d'année toujours fastidieux : le tri des feuilles de romarin. La cueillette de cet incontournable simple a lieu, juste avant sa floraison précoce, entre fin janvier et la mi-mars. Pour obtenir un kilo de feuilles, compter une bonne dizaine de kilos en vrac. Or le romarin ne pèse pas lourd sur son pied paumé entre collines de garrigue et terrains généralement pauvres.
Certaines coopératives, dont des bios, profitent de cette saison pour emmagasiner de nouveaux stocks. Mais en achetant à des prix défiant la bonne volonté des cueilleurs. En 2009, l'offre d'une société gardoise culminait ainsi à 4,50 € le kilo. Évidemment à ce tarif-là, elle était prête à a en prendre des tonnes. Mais pour le cueilleur, à moins de se déguiser en travailleur pauvre façon plombier polonais touchant à de nouvelles activités, ce n'était même pas la peine de faire les comptes. Car si on ne s'équipe pas en machines de tri automatiques (des sasseurs mécanisés) et si on ne veut pas déboiser la flore régionale à coups de serpe propres à compromettre la régénération naturelle des plants prélevés, la cueillette sauvage n'est pas rentable lorsque les volumes sont vendus... à des revendeurs. Heureusement d'autres coopératives sont plus généreuses, on en signalera une seule, avec laquelle on aime à collaborer de temps à autre : la sica Biotope des Montagnes, située en Cévennes à Soudorgues. Chez elle, le prix du kilo de romarin trié certifié bio se négocie à environ 10 €, ce qui est humainement plus respectueux de la valeur travail.
Aussi, pour ce qui nous concerne, avons-nous choisi de le vendre directement, en sachets personnalisés, seul ou mélangé à d'autres plantes, sur les marchés ainsi que sur notre site en formation latisanebio.com. C'est la seule manière d'atteindre à une rémunération en adéquation avec le temps passé à cueillir, sécher, trier à la main, empaqueter et étiqueter. Logique, non ?